LOT 041

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1923 - 2002
Canadien

Au bois
huile sur toile, 1969
signé et au verso signé, titré, inscrit « Au bois » / « 10.405 » / « 73 » sur l’étiquette partielle Galerie Maeght et diversement et étampé Lucien Lefebvre Foinet Paris
39 3/8 x 28 3/4 po, 100 x 73 cm

Estimation : 150 000 $ - 200 000 $ CAD

Vendu pour : 181 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Galerie Maeght, Paris
Galleria Arte Borgogna, Milan
Art contemporain, Christie’s Londres, 5 avril 1990, lot 546
Peintures et sculptures modernes importantes, Perrin-Royère-Lajeunesse, Versailles, 24 juin 1990, lot 15
Tableaux et sculpture modernes et contemporains, Loiseau, Schmitz, Digard, Saint-Germaine-en-Laye, France, 19 juin 1994, lot 30
Une importante collection privée européenne

BIBLIOGRAPHIE
Yseult Riopelle, Jean Paul Riopelle Catalogue Raisonné, Volume 4, 1966 - 1971, 2014, reproduit page 183, catalogue #1969.009H.1969

EXPOSITION
Galerie Torminelli, Paris, Foire internationale d’art contemporain (FIAC) 88, 9 - 14 mars 1988


Pour moi, c’est l’art d’un trappeur supérieur. Des pièges à la fois pour les bêtes des terriers et pour celles de la nuagerie, comme disait [le poète symboliste] Germain Nouveau. Ce qui me concilie l’idée de piège, que j’aime modérément, c’est que ce sont aussi des pièges pour les pièges. Une fois ces pièges piégés, un haut degré de liberté est atteint.

— André Breton[1]

Dès que Jean Paul Riopelle s’établit à Paris à la fin des années 1940, son appartenance au Canada est un élément clé de son identité et de sa réputation. Le poète et écrivain surréaliste André Breton le surnomme le « trappeur supérieur », un surnom bien choisi qui lui collera longtemps à la peau. Il est reconnu comme un chasseur et pêcheur dynamique, qui apprécie sincèrement la nature. Riopelle aime voyager dans des endroits sauvages reculés, comme Pangnirtung au Nunavut ou les Pyrénées, ou encore naviguer sur la Méditerranée à bord de son voilier, le Sérica.

Comme l’a brillamment démontré l’exposition « Riopelle : à la rencontre des territoires nordiques et des cultures autochtones » présentée au Musée des beaux-arts de Montréal en 2020, le paysage est un motif récurrent dans l’œuvre de l’artiste. Sa connaissance empirique d’un territoire, canadien ou étranger, est une source d’inspiration inépuisable, particulièrement pour sa production de la fin des années 1960 à la fin des années 1970.

En 1967, Joan Mitchell, alors compagne de Riopelle, achète La Tour, une maison dotée d’un grand jardin surplombant la Seine à Vétheuil, un village

à une soixantaine de kilomètres au nord de Paris, où Claude Monet a travaillé et peint un grand nombre de ses chefs-d’œuvre impressionnistes. Pour les deux artistes, cette nouvelle résidence à la campagne est un répit bienvenu à l’agitation urbaine. Plus tard, en 1969, Riopelle aménage un nouvel atelier dans un garage qu’il loue à Saint-Cyr-en-Arthies. Il revient de plus en plus souvent au Québec, pour chasser ou pour travailler dans son atelier des Laurentides.

Au bois, une huile sur toile de 1969, est la quintessence des œuvres de la fin des de la décennie et en exhibe d’ailleurs toutes les caractéristiques. Riopelle déploie toute la gamme de sa gestuelle qui couvre l’ensemble de la toile, en utilisant une palette de couleurs terreuses. Les différentes nuances de brun, d’ocre, de blanc, de noir et de vert émeraude sont mises en relief par des accents de bleu profond et de rouge vif.

La composition est divisée en grandes étendues de couleurs, ponctuées d’une abondance de blancs et de gris lumineux. Dans ces zones colorées, Riopelle trouve la liberté d’explorer les riches variations chromatiques des peintures qui se mélangent de façon imprévisible sous sa spatule. Des lignes calligraphiques noires, allongées et appliquées d’une main énergique, ajoutent du mouvement et du drame à la composition. Avec sa spatule, l’artiste étend et gratte d’épaisses couches de peinture, créant ainsi les pics, les vallées et les tourbillons de matière qui lui sont propres. Il en émerge une topographie aux textures riches et expressives.

Lorsqu’on lui demande si ses peintures sont des « paysages abstraits », Riopelle réplique qu’il s’agit plutôt de « paysages mentaux ».[2] Dans ses œuvres, il réimagine et réinterprète la nature plutôt que de la représenter directement, et Au bois nous convie à entrer en communion avec une incarnation abstraite, expressive et picturale de la nature.

1. François-Marc Gagnon, « Refus global et la première expo parisienne » dans Jean Paul Riopelle : Sa vie et son œuvre, Toronto, Institut de l’art canadien, 2019, https://www.aci-iac.ca/fr/livres-dart/jean-paul-riopelle/biographie/.

2. Cité dans Guy Robert, Riopelle, chasseur d’images, Montréal, Éditions France-Amérique, 1981, p. 181.


Estimation : 150 000 $ - 200 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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