LOT 016

CSPWC OC OSA RCA
1910 - 2010
Canadien

Iceberg, Grise Fiord
huile sur toile, 1976
signé et au verso inscrit « 760513 »
36 x 48 po, 91.4 x 121.9 cm

Estimation : 60 000 $ - 80 000 $ CAD

Vendu pour : 61 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Acquis directement auprès de l’artiste par un collectionneur privé, Colombie-Britannique, 1976

BIBLIOGRAPHIE
William Moore et Stuart Reid, Celebrating Life: The Art of Doris McCarthy, Collection McMichael d’art canadien, 1999, pages 55 et 199


Doris McCarthy étudie à l’Ontario College of Art de 1926 à 1930, sous la direction d’Arthur Lismer et de J.E.H. MacDonald, membres du Groupe des Sept. Elle rencontre Lawren Harris et visite son atelier en 1928, à l’époque où sont déjà fermement établies dans son œuvre la simplification et la purification des formes, ainsi que son engagement à l’égard d’une vision théosophique du paysage. À cette époque, le Groupe a provoqué dans le milieu de l’art une véritable tempête de changement à laquelle elle n’a pas échappé et son travail a été influencé par leur art novateur.

McCarthy est passionnée par la nature depuis son plus jeune âge. Son père, George McCarthy, était un écologiste de la première heure qui lui a appris la part importante de la nature dans son héritage. C’est pourquoi le paysage l’attire comme centre d’intérêt artistique. En 1939, elle acquiert un terrain au bord des falaises de Scarborough, surplombant le lac Ontario. Elle y bâtit une maison qu’elle baptise Fool’s Paradise et deviendra sa résidence et son atelier pour la vie. Elle achète également, avec un groupe de femmes, le Keyhole Cottage sur la baie Georgienne pour y peindre l’été. McCarthy part souvent en voyage pour peindre dans des endroits comme Haliburton, la péninsule gaspésienne et de nombreux autres endroits en Ontario et au Québec, ainsi qu’à Terre-Neuve, au Yukon, dans l’Arctique et dans les Rocheuses. Elle peint également en Angleterre, en Irlande, aux Pays-Bas et en Nouvelle-Zélande. McCarthy a une énergie inépuisable. Tout en poursuivant sa carrière d’enseignante, elle peint partout au Canada et à l’étranger, et a un calendrier d’expositions très chargé.

En 1972, elle effectue son premier voyage dans l’Arctique pendant une semaine avec des membres de la Federation of Ontario Naturalists. Elle prend l’avion de Resolute jusqu’à Eureka, au fjord Grise et aux îles éloignées, puis à Pond Inlet. Mme McCarthy raconte : « Au cours de mon premier voyage dans l’Arctique, j’ai vu mon tout premier iceberg. Je suis devenue folle des icebergs et j’ai commencé à imaginer des formes de glace fantaisistes. » De nombreux voyages dans le Nord suivront, le dernier en 2004, alors qu’elle a 94 ans. En 1976, l’année où elle peint cette superbe toile, elle retourne au fjord Grise via la baie Frobisher.

McCarthy s’inscrit dans la vaillante tradition canadienne (essentiellement représentée par des paysagistes masculins) qui consiste à braver le froid pour peindre en plein air. Elle s’habille pour travailler dehors à des températures allant jusqu’à -15 ou -20 degrés : plusieurs pantalons superposés, un anorak épais en duvet sur un t-shirt à capuchon, une tuque de laine et un chapeau de soleil en coton. Assise devant son chevalet avec sa peinture et sa térébenthine, prête à faire une pochade à l’huile, elle garde son tube de blanc de titane sous ses vêtements pour le garder malléable. Elle est intrépide. Paul Gooch a raconté que lors d’un voyage de peinture sur l’île de Baffin, ils ont visité des maisons et des ateliers inuits, et « mastiqué [leur] premier morceau de blanc de baleine ».

Dans des œuvres comme celle-ci, McCarthy est manifestement influencée par Harris et sa vision dramatique des montagnes arctiques et des icebergs des années 1930, comme en témoignent les silhouettes abstraites. Comme nous l’avons mentionné, McCarthy qualifiait ses œuvres arctiques de « formes de glace fantaisistes » et c’est ce que nous voyons ici dans cette scène imaginaire. Un iceberg blanc, solide et sculpté, aux ombres bleues et vertes, surplombe l’eau, tandis qu’au premier plan flottent une plate-forme de glace et une autre masse pointue, leur existence sous-marine étant évoquée par des formes chatoyantes dans l’eau. Ces silhouettes et la montagne qui se trouve derrière sont dures et dentelées, créant une impression de volume. Les faces de l’iceberg sont frappées par une source de lumière invisible et sa blancheur éclatante contraste avec l’obscurité de l’arrière-plan.

La silhouette translucide entre les icebergs est particulièrement intrigante. Peinte dans de délicates nuances de mauve et de bleu, elle évoque un souvenir immatériel d’iceberg, ou encore un rêve d’iceberg. Comme l’écrit William Moore, « Nous sommes impliqués dans le continuum d’un événement. [...] Nous faisons l’expérience des perceptions de McCarthy au fil du temps. Ce sont des composites d’esquisses mentales de la perception d’icebergs synthétisées dans l’idée d’un iceberg. » Rêve ou souvenir, cet iceberg transparent nous entraîne dans une autre dimension du paysage, liée au subconscient. Iceberg, Grise Fiord est un exemple remarquable des tableaux arctiques de McCarthy, à la fois puissant et poétique.


Estimation : 60 000 $ - 80 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


Bien que nous ayons pris soin d’assurer l’exactitude de l’information publiée, des erreurs ou omissions peuvent se produire. Toute enchère est soumise à nos modalités et conditions de vente. Les enchérisseurs doivent s’assurer qu’ils sont satisfaits de la condition du lot avant d’enchérir. Les rapports de condition sont disponibles sur demande.