Vendu pour : 193 250 $

PROVENANCE
Collection de l’artiste, juillet - septembre 1974
André Emmerich Gallery, New York, septembre 1974 - février 1976
Harcus Krakow Rosen Sonnabend Gallery, Boston, février 1976
Nathalie Swan Rahv, Boston, 17 février 1976 - 1983
Collection privée, Boston, 1983
Par filiation à la collection privée actuelle, Boston

Jack Bush a peint plus de 1 850 tableaux au cours de sa carrière, de 1926 environ jusqu’à sa mort soudaine en 1977, mais seulement 17 en forme de losange et 8 de ceux-ci sur toile. En janvier 1974, Bush a commencé l’année en réalisant 5 peintures sur lin, toutes en forme de losange et dans l’esprit de sa série Totem. En juillet de la même année, il a peint trois autres tableaux en forme de losange, dont Tilt, mais cette fois-ci, les figures colorées sur fond de lin nu s’inscrivent beaucoup plus dans la lignée de sa série suivante de tableaux, qui sera connue sous le nom de Feathers (plumes).

Pour ce qui est des œuvres en forme de losange, à la différence de la série Totem qu’il a réalisée en janvier, les trois faites pendant l’été comportent deux longues silhouettes évoquant des plumes qui se croisent, chacune divisée en plusieurs couleurs. Dans Tilt, les plumes se rencontrent en leur centre. Dans une autre œuvre intitulée Gentle Criss, elles se superposent plus près du bas, évoquant des ciseaux ouverts. Et dans le dernier de ces tableaux, intitulé Right Angle, les deux plumes se croisent à angle droit, comme le suggère son titre, l’une étant disposée horizontalement et l’autre, verticalement.

Il faut préciser qu’on a perdu la trace de deux des trois peintures sur lin en forme de losange réalisées en juillet 1974. Tilt est, à ce jour, la seule œuvre de ce groupe qui ait été conservée. La collection d’un homme politique canadien reconnu pour avoir mis en place de nouvelles politiques culturelles nationalistes sous le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau est le dernier emplacement connu de Right Angle. L’autre tableau disparu, Gentle Criss, se trouvait, selon les dernières informations disponibles, dans la collection du célèbre peintre de l’abstraction chromatique (colour field) Friedel Dzubas, un ami de Bush avec qui il avait échangé des tableaux en février 1975.

La provenance de Tilt est aussi digne d’intérêt. À l’époque de la vente initiale du tableau, en septembre 1974, la galerie André Emmerich de New York détenait les droits exclusifs de vente directe des œuvres de Bush aux États-Unis, de sorte que si un autre marchand d’art américain voulait vendre une œuvre de cet artiste, il devait d’abord l’acheter d’Emmerich avant de pouvoir l’offrir à son propre client. Cette règle explique pourquoi la Harcus Krakow Rosen Sonnabend Gallery de Boston a acheté Tilt en février 1976. Une cliente de cette galerie, Nathalie Swan Rahv (1913-1983), a acheté le tableau huit ans avant sa mort puis l’a légué à sa famille. Rahv avait étudié au Bauhaus lors de la dernière année d’existence de l’école, en 1933, et était diplômée en architecture de l’Université Columbia. Il n’est donc pas étonnant qu’une personne formée aux principes de la couleur et de la structure, sans parler du pouvoir de la simplicité, soit tombée sous le charme d’un tableau comme Tilt.

L’année 1974 a été très chargée pour Bush, notamment en raison du nombre d’expositions individuelles auxquelles il a participé : deux à New York, une à Toronto et une à la nouvelle galerie d’André Emmerich à Zurich, en Suisse. Il s’est également mieux fait connaître en Europe à la suite de sa participation à la foire d’art de Cologne. À son retour en Amérique du Nord, huit expositions collectives se sont ajoutées à la présence quasi constante de ses œuvres dans les expositions organisées cette année-là. Au milieu de ce tourbillon d’activités, Bush trouvait encore le temps de se consacrer à son art et, dans le cadre de sa pratique, de prendre des directions totalement nouvelles, comme en font foi les séries Totems et Plumes, en passant par l’inclinaison astucieuse d’un tableau pour en faire un diamant.

Nous remercions Sarah Stanners, directrice du catalogue raisonné de Jack Bush, qui a collaboré à la rétrospective Bush présentée au Musée des beaux-arts du Canada en 2014, et professeure adjointe au département d’histoire de l’art de l’Université de Toronto, qui a rédigé le ci-dessus.

Cette œuvre sera incluse dans l’ouvrage à paraître de Sarah Stanners, Jack Bush Paintings: A Catalogue Raisonné.

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