LOT 006

AUTO CAS QMG RCA
1905 - 1960
Canadien

Des paysans miment des anges
huile sur toile
signé et daté 1953 et au verso titré sur l’étiquette de l’artiste et les étiquettes de la galerie, daté et inscrit « Provincetown » sur l’étiquette de l’artiste et avec le numéro d’inventaire de la Galerie Dominion #A1980 sur l’étiquette de la galerie et étampé Winsor & Newton Linen Canvas / Artist Materials C.R. Crowley Limited, 1387 St. Catherine St. W., Montreal 25, Que.
22 1/8 x 18 1/4 po, 56.2 x 46.4 cm

Estimation : 150 000 $ - 250 000 $ CAD

Vendu pour : 265 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Galerie Dominion, Montréal
Passedoit Gallery, New York, 1954
Acquis auprès du susmentionné par une collection privée, Londres, Angleterre, 1954
Par filiation à la collection privée actuelle, Londres, Angleterre

BIBLIOGRAPHIE
François-Marc Gagnon, Paul-Émile Borduas (1905 – 1960) Biographie critique et analyse de l’œuvre, 1978, pages 323 #19, 348 #10, 386 #14 et 490
François-Marc Gagnon, Paul-Émile Borduas, Musée des beaux-arts de Montréal, 1988, page 299n3
François-Marc Gagnon, Paul-Émile Borduas : Une biographie critique, 2013, page 304
Borduas Online Catalogue Raisonné, Concordia University Fine Arts, catalogue #2005-0991, https://borduas.concordia.ca/catalog

EXPOSITION
Passedoit Gallery, New York, Paul-Émile Borduas, 5 - 23 janvier 1954, catalogue #14


En 1953, Paul-Émile Borduas quitte Montréal pour échapper à la claustrophobie et à l’hostilité qu’il ressent depuis qu’il a signé le manifeste Refus global des Automatistes. Il s’installe aux États-Unis, d’abord à Provincetown (Cape Cod), près de Boston. Plusieurs visites à New York au printemps et à l’été l’incitent à s’y installer à plein temps en octobre. Il restera dans la métropole américaine durant les deux années suivantes avant de partir pour Paris. À l’époque, New York est le lieu d’un discours et de progrès extraordinairement vibrants en matière de peinture abstraite. D’ailleurs, c’est dans cette ville qu’il découvre les œuvres des expressionnistes abstraits qu’il admire, notamment Jackson Pollock, Willem de Kooning, Robert Motherwell et Franz Kline. Loin du milieu québécois, Borduas vit une période de développement rapide et trouve la stimulation pour commencer à raffiner ses techniques picturales et à explorer.

Borduas expose pour la première fois à New York, une exposition personnelle de surcroît, à la galerie Passedoit sur la 57e Rue Est dès janvier 1954. Le fait que cette exposition est organisée si rapidement – trois mois seulement après son arrivée dans la ville, bien qu’il ait fait mention d’une exposition individuelle à son arrivée à New York en juin 1953 – témoigne de l’estime que l’on vouait déjà à l’artiste. Les 24 tableaux exposés, parmi lesquels figure Des paysans miment des anges, suivaient l’évolution de Borduas de 1947 à 1953, du surréalisme à l’automatisme. Fidèle à l’impression de Borduas qui considère que le manifeste des Automatistes a un caractère essentiellement régional contrastant avec l’universalisme auquel on associait généralement l’École de New York, le modeste catalogue de cette exposition charnière ne mentionne ni Refus global ni l’Automatisme en tant que mouvement. On se contente d’y présenter Borduas comme un artiste canadien très respecté en laissant ses œuvres parler d’elles-mêmes.

À l’époque où ce tableau a été exécuté (1953), Borduas n’a pas encore été pleinement exposé aux développements de la peinture américaine, et ses œuvres affichent encore les caractéristiques fondamentales du mouvement automatiste : la liberté et l’indépendance. Placés dans ce nouveau contexte international, des tableaux tels que Des paysans miment des anges peuvent être considérés comme étant en pleine transformation. Ici, nous voyons que ses compositions commencent à faire appel à la technique affirmée du all-over qui caractérisera ses œuvres pour le reste de sa période new-yorkaise. L’impression de relation spatiale définie entre la figure et le sol – lorsque, par exemple, des masses complexes se développent sur un fond plus sombre – s’estompe au profit d’un usage débridé de la couleur qui occupe la totalité de la toile. Ici, le fond s’étale vers l’avant et occupe la même surface que les objets éclatés et fragmentaires.

L’œuvre est peinte à la spatule dans une trame dense de traits rapides : les verts riches et les rouges brûlés sont agités par des éclairs nerveux de blanc et de noir, les pigments s’étalent et se fondent les uns dans les autres dans un chœur scintillant. La couleur et la forme deviennent une seule expression sensuelle et tachetée de la main même de l’artiste, tandis que la composition s’étend pour remplir tout le plan pictural. L’arrière-plan, toutefois, n’est pas entièrement éliminé, et nous avons toujours l’impression que la mosaïque de gestes forme une surface picturale tactile. Borduas n’intitule ses œuvres qu’après les avoir achevées, ce qui lui permet de réagir instinctivement à sa création. Le titre de ce tableau fait peut-être allusion à l’effondrement et à l’égalisation des structures esthétiques que l’artiste a commencé à expérimenter, ou bien à la jubilation pure et simple que peut susciter une expression picturale aussi énergique. Réalisé à un moment crucial de la carrière de Borduas, Des paysans miment des anges est l’œuvre d’un peintre en pleine possession de ses moyens.

Le tableau a été acheté à la galerie Passedoit par une famille londonienne lors de la première exposition de Borduas à New York et est demeuré dans sa collection. La Maison Heffel est ravie de présenter cette œuvre pour la première fois sur le marché canadien et international.


Estimation : 150 000 $ - 250 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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