LOT 021

ARCA OC OSA
1927 - 1977
Canadien

Cutting the Ice
techniques mixtes sur panneau
paraphé et daté 1974
48 x 34 po, 121.9 x 86.4 cm

Estimation : 70 000 $ - 90 000 $ CAD

Vendu pour : 79 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Collection privée, Toronto


Au milieu des années 1970, William Kurelek est au sommet de son succès populaire. Entre 1973 et 1976, il publie onze ouvrages, dont A Prairie Boy’s Winter, désigné comme l’un des meilleurs livres de l’année par le New York Times en 1973. Grâce à des séries de tableaux telles que The Ukrainian Pioneer Women in Canada (1967), The Happy Canadian (1974), The Irish in Canada et Jewish Life in Canada (toutes deux en 1976), Kurelek est devenu un représentant emblématique du multiculturalisme canadien à l’ère du post-centenaire.

Représenté par la Isaacs Gallery de Toronto, l’une des galeries commerciales d’art contemporain les plus respectées du pays, Kurelek jouit d’une grande renommée auprès des critiques et de ses pairs. Sans être nécessairement d’accord avec le didactisme de Kurelek ou sa vision catholique romaine du monde, ses contemporains comme Dennis Burton et Ivan Eyre trouvent rafraîchissante son approche originale dénuée de complaisance. Cutting the Ice incarne les deux facettes de Kurelek : l’œuvre représente une scène nostalgique – l’ancienne pratique consistant à s’approvisionner en glace dans une étendue d’eau gelée – et le bloc en forme de croix attribue au quotidien un aspect miraculeux.

Né en 1927 à Whitford, à l’est d’Edmonton en Alberta, Kurelek grandit dans une famille profondément marquée par les épreuves. La famille de sa mère, les Huculak, est arrivée dans l’Ouest canadien en 1899 en provenance du village de Borivtsi en Ukraine, à la recherche d’une plus grande stabilité et de possibilités d’avenir. Leur arrivée coïncide avec la première grande vague d’immigration ukrainienne au Canada. Le père de Kurelek, né dans la même ville que la famille de sa future épouse, se réfugie au Canada en 1923 pour fuir les ravages causés par la Première Guerre mondiale. En 1934, les Kurelek s’installent dans une ferme laitière au nord de Winnipeg. Kurelek puise dans ses souvenirs d’enfance en Alberta et au Manitoba les thèmes les plus persistants de sa carrière, qui s’étend du début des années 1950 jusqu’à sa mort prématurée en 1977. La mémoire est au cœur de certains de ses tableaux les plus emblématiques, notamment Hailstorm in Alberta (collection du Museum of Modern Art), Reminiscences of Youth (collection du Musée des beaux-arts de l’Ontario), Manitoba Party (collection du Musée des beaux-arts du Canada), ainsi que ses séries A Prairie Boy’s Winter (diverses collections) et A Prairie Boy’s Summer (collection Art Windsor-Essex).

Cutting the Ice a été peint en 1974, entre la publication des livres A Prairie Boy’s Winter et A Prairie Boy’s Summer. Dans ces ouvrages destinés aux enfants, Kurelek assemble mots et images pour en faire un récit autobiographique nostalgique relatant des anecdotes de sa jeunesse dans la campagne manitobaine au fil des saisons pendant la Crise. Bien que cette œuvre ait été peinte bien après la publication de A Prairie Boy’s Winter par Tundra Books, son sujet et son traitement s’inscrivent dans sa continuité.

Ici, un groupe s’est rassemblé sur une rivière gelée avec des chiens et des outils pour couper des blocs de glace et les transporter. Les berges basses et les troncs dénudés des arbres à feuilles caduques permettent de situer la scène dans la région d’Interlake, au nord de la ville de Winnipeg et au sud du lac du même nom, là où Kurelek a grandi. La récolte de la glace de rivière est une tâche courante à une époque où les maisons n’ont généralement pas de plomberie et de réfrigération. Dans le tableau de Kurelek, cependant, au lieu de tailler des blocs faciles à manipuler et à transporter comme c’est la pratique, les ouvriers tentent avec peine d’extraire un énorme morceau en forme de crucifix. Cet élément distingue Cutting the Ice de ce que l’on trouve dans l’ouvrage A Prairie Boy’s Winter qui, destiné à plaire à un large public, est dépourvu de l’iconographie religieuse caractéristique de l’artiste.

La présence du crucifix dans une scène par ailleurs banale remplit plusieurs fonctions. Tout d’abord, comme le maître flamand du XVIe siècle Pieter Brueghel qui glissait des éléments bibliques et miraculeux dans ses scènes de la vie contemporaine, Kurelek cherche à rappeler au spectateur de son époque la persistance du divin dans le présent. Deuxièmement, la présence du crucifix souligne la conception particulière qu’a l’artiste des souvenirs peints, qui ne sont pas de simples fac-similés d’un passé privé, mais aussi des moments qui acquièrent une signification et une force symbolique incontournables grâce au pouvoir du recul.

Nous remercions Andrew Kear, responsable des collections, des expositions et des programmes au Museum London et co-commissaire de l’exposition itinérante William Kurelek: The Messenger (2011-2012), pour avoir rédigé le texte ci-dessus. Il est aussi l’auteur du livre d’art en ligne William Kurelek : Sa vie et son œuvre réalisé en 2017 par l’Institut de l’art canadien (https://www.aci-iac.ca/fr/livres-dart/william-ku


Estimation : 70 000 $ - 90 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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