LOT 033

CC QMG RCA
1904 - 1990
Canadien

David
huile sur toile
signé et daté 1960 et au verso signé, titré, inscrit « Toronto » et étampé avec le cachet de la Galerie Agnès Lefort
53 1/4 x 18 7/8 po, 135.3 x 47.9 cm

Estimation : 125 000 $ - 175 000 $ CAD

Vendu pour : 169 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Galerie Agnès Lefort, Montréal
Acquis auprès du susmentionné par la collection privée actuelle, Montréal, 1962

BIBLIOGRAPHIE
Modern [Recent] Canadian Paintings, Musée national de Varsovie, 1962, page 16, disponible à la Bibliothèque du Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Jean Paul Lemieux solo, Galerie Agnès Lefort, 1963, listé, non paginé, Bibliothèque et archives Canada, fonds Jean Paul Lemieux et Madeleine Des Rosiers

EXPOSITION
Musée national de Varsovie, Pologne, Modern [Recent] Canadian Paintings, avec le soutien du Musée des beaux-arts du Canada, 5 janvier - avril 1962, catalogue #20
Galerie Agnès Lefort, Montréal, Jean Paul Lemieux solo, 1er - 20 avril 1963, catalogue #18


Au début des années 1960, les œuvres du Québécois Jean Paul Lemieux font l’objet d’une demande sans précédent de la part des collectionneurs montréalais. À tel point que l’offre ne suffit pas. On en a pour preuve l’exposition solo que l’artiste tint au mois d’avril 1963 à la Galerie Agnès Lefort. Cette galerie, l’une des plus avant-gardistes au Canada, avait été fondée en 1950 par la peintre et désormais marchande d’art Agnès Lefort. En 1962, elle devint la propriété de Mira Godard qui conserva la raison sociale de sa prédécesseure pendant quelques années avant de s’établir à Toronto. La relation d’affaires entre Mira Godard et Jean Paul Lemieux fut gage de succès pendant les décennies à venir: elle marqua l’ascension rapide de l’artiste sur le marché de l’art canadien.

Au nombre des vingt-huit tableaux exposés en avril 1963, quinze seulement furent mis en vente; les treize autres avaient été prêtés par des collectionneurs. Comme l’explique Robert Ayre dans son article du Montreal Star: « This was a disappointment to other collectors, who had to be satisfied with looking at what they could not have for themselves. Nevertheless, the show is valuable as a sort of interim retrospective, covering the last two or three years in the life of a painter who has reached a place of importance in Canadian Art by simply ignoring trends and going his own quiet introspective way . »

L’exposition s’attira des critiques louangeuses. Dans le Petit journal, Paul Gladu recommanda de s’attarder aux « toiles toutes en allusions, en nuances et en sous-entendus, où le véritable sujet est le Regard. Enfants aux yeux éblouis, femme riche de quelque beau secret, homme qu’arrête le mystère de l’horizon, tous échangent leur profondeur pour celle du monde. » Et d’ajouter « Lemieux est l’homme de la mesure. En ceci, il rejoint les plus grands auteurs de la peinture, de la sculpture et de la littérature . » Dans Le Devoir, le critique fut pour sa part séduit par l’omniprésence des personnages [seul ou dans les paysages] « avec leur échelle sans rapport avec celle du tableau et pourtant [qui] n’en troublent pas l’ordonnance. Ils font partie de l’espace propre à Lemieux, et sans s’imposer lourdement, […]. [Ils] ont une physionomie presque impersonnelle, mais qui fait pressentir une vie intérieure sous leur visage uni et fermé . » Enfin, dans The Gazette, Dorothy Pfeiffer conclut son article en ces termes élogieux: « Lemieux’s paintings never raise their voices, but their whispered secrets cast a magic spell. To my mind, Jean-Paul Lemieux remains as one of the greatest . »

David, œuvre peinte en 1960, figurait parmi les prêts à cette exposition chez Agnès Lefort. Les nombreux visiteurs ont pu la voir voisinant d’autres personnages, notamment Miss Knight (1961, collection particulière) et Les perles (1963, collection particulière) au format similaire. L’exposition comportait aussi des paysages pour lesquels Jean Paul Lemieux avait adopté le format horizontal, propre à sa période classique (1955-1970): L’île aux coudres (1959, collection particulière), L’hiver en Gaspésie (1962, collection particulière) et Le grand lac Matapédia (1962, collection particulière) … sans oublier le célèbre 1910 Remembered (1962, collection particulière). Ce dernier était au nombre des prêts de l’exposition, il n’était donc pas offert à la vente, et, de fait, ne sera jamais vendu du vivant de l’artiste et de son épouse qui y étaient profondément attachés.

David dégage une présence mouvante. Fond et forme sont architecturés par des coups de brosse qui étalent la peinture sans que le peintre n’ait recours à une ligne contour pour ceindre le corps. En fait, ce dernier n’est que constitué de masses de couleurs sombres et gris-clair qui se détachent du fond lumineux. David surgit légèrement en contre-jour dans l’espace qui a peine à contenir le jeune homme. Avec sa petite tête inclinée, déposée sur un long cou cylindrique, bien solide, David lance son regard engageant au spectateur. En transgressant ainsi l’échelle du personnage par rapport au cadre du tableau, Lemieux incite à réfléchir sur cette proposition picturale qui va au-delà du portrait individuel. Comme d’autres figures de sa période classique, David nous semble appartenir à la thématique des âges de la vie incarnés par la figure humaine. Allégorie de l’adolescence où le corps grandit, les membres s’allongent alors que le jeune visage expressif n’a pas encore les traits de la maturité.

Exposée à deux reprises, la première fois au Musée national de Varsovie en 1962 et un an plus tard à la Galerie Agnès Lefort à Montréal et jamais illustrée, David aura été soigneusement conservé à l’abri des feux de la rampe pendant soixante ans. Nous ne pouvons que nous réjouir d’avoir aujourd’hui la chance de découvrir et d’admirer cette œuvre méconnue de l’artiste.


Estimation : 125 000 $ - 175 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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