LOT 010

ARCA CGP CSGA CSPWC OSA P11
1909 - 1977
Canadien

Plume Totem
acrylique sur toile
au verso signé, titré et titré sur l’étiquette de la galerie, daté Octobre 1973 et inscrit « Top » (avec flèche) et « Acrylic Polymer W.B. »
88 3/4 x 50 po, 225.4 x 127 cm

Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Vendu pour : 511 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
David Mirvish Gallery, Toronto, avril 1974
Collection privée, France

BIBLIOGRAPHIE
Marc Mayer et Sarah Stanners, Jack Bush, Musée des beaux-arts du Canada, 2014, reproduit page 35

EXPOSITION
David Mirvish Gallery, Toronto, Jack Bush : Recent Paintings, 1974


En avril 1974, en entrant dans la galerie d’art contemporain David Mirvish sur la rue Markham à Toronto, on pénétrait dans un autre monde où 21 tableaux de Jack Bush emplissaient le vase espace qui occupait deux terrains. De nos jours, il faut une rétrospective pour réunir autant de peintures d’un même artiste en un seul lieu. L’exposition intitulée Jack Bush: Recent Paintings présentait sa production la plus récente et, notamment, pour la première fois sa puissante série « Totem ». D’ailleurs, le magazine Time en a fait une critique publiée sous le titre « Opulence in Toronto1 ».

Selon Kay Kritzwiser, critique d’art au Globe and Mail, l’exposition donnait au visiteur l’impression d’être témoin de la grandeur de la nature devant chaque tableau qui dégageait « la force et la simplicité majestueuses d’une forêt2 » en raison de l’effet profondément texturé des arrière-plans. Pour ce qui est des tableaux Grey Arc et Totem Spread, elle a décrit les arrière-plans comme étant « texturés de façon contradictoire, comme de l’écorce d’arbre : velouté en surface et traversé de rainures noires contrastantes. Et sur ces surfaces, Bush fait naviguer ses totems de couleur, horizontalement ou verticalement. » Dans le cas de Plume Totem, Kritzwiser a qualifié la surface de « riche » et « pelucheuse3 ».

Même si la surface de l’arrière-plan de Plume Totem peut évoquer une forêt, la puissante explosion de couleurs – rose, violet, rouge corail et bleu électrique – nous arrache brutalement à toute association avec les bois sombres et profonds. Elles ont pour fonction d’attirer notre attention et de célébrer les merveilles de la créativité pure. Les tableaux de la série Totem de Bush sont très originaux et comptent parmi les meilleurs tableaux de sa période de maturité.

En 1980, le conservateur Duncan Macmillan a soutenu que les Totems pouvaient être liés à la figure humaine, en se basant sur une esquisse de Bush représentant une figure humaine allongée par terre4. Cette hypothèse est plausible, d’autant plus que cette série est très conventionnelle dans sa relation distincte entre la figure et le sol. D’autres sources d’inspiration pour des tableaux comme Plume Totem sont plus inattendues, mais pas invraisemblables.

Blue Tee et On Line sont deux peintures que Bush a réalisées à peu près en même temps que Plume Totem, soit à l’automne 1973. Elles ont en commun des sections de couleur distinctes qui ont au moins un bord droit et souvent un bord effiloché sur un autre côté. Ces proches cousins de Plume Totem portent des titres qui font allusion à leur source d’inspiration réelle pour la couleur et la forme, ainsi qu’à la disposition de ces éléments. Le fait de voir un vêtement aux couleurs vives, tel qu’un t-shirt bleu (Blue Tee) mis à sécher sur une corde à linge (On Line), a été une source unique de stimulation visuelle pour l’artiste, surtout si l’on se rappelle à quel point les vêtements étaient de couleurs vives dans les années 1970 !

Les vêtements qui sèchent sur une corde ne sont pas le seul référent dans ces tableaux, mais Plume Totem démontre que Bush n’a pas peint ses abstractions sur un coup de tête : il a soigneusement planifié la composition et choisi les couleurs avant de sortir ses pinceaux. Une petite esquisse préparatoire de cette œuvre se trouve aujourd’hui dans la collection de l’Université de Guelph. Bien que Plume Totem et d’autres tableaux semblables soient indéniablement abstraits, l’artiste a fait appel à des méthodes que même les peintres du Groupe des Sept utilisaient pour planifier leur travail, c’est-à-dire qu’il a crayonné des notes minutieuses sur les couleurs de chaque zone du tableau sur un croquis préliminaire. Le crochet rouge bien net sur le coin inférieur droit de cette esquisse nous indique que Plume Totem a été approuvé puis réalisé par l’artiste.

Nous remercions Sarah Stanners, Ph.D., directrice du catalogue raisonné de Jack Bush, collaboratrice à la rétrospective Bush organisée au Musée des beaux-arts du Canada en 2014 et professeure adjointe au département d’histoire de l’art de l’Université de Toronto, pour avoir rédigé le texte ci-dessus.

Cette œuvre sera incluse dans l’ouvrage à paraître de Stanners : Jack Bush Paintings: A Catalogue Raisonné.

1. « Opulence in Toronto », Time, édition canadienne, 6 mai 1974, p. 10-12.

2. Kay Kritzwiser, « Sculpture Shows of Museum Quality », Globe and Mail, 27 avril 1974, p. 28 [traduction libre].

3. Ibid. [traduction libre].

4. Introduction, Jack Bush: Paintings and Drawings, 1955-1976, catalogue d’exposition, Londres, Arts Council of Great Britain, 1980, p. 11.

Cette œuvre, avec Pink Blossoms de Jack Bush et Misty Mount de Kenneth Noland (lots 11 et 12 de cette vente), est offerte aux enchères pour la première fois et revient au Canada, après avoir appartenu à un collectionneur canadien vivant à l’étranger, dans le sud de la France.


Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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