LOT 127

1815 - 1872
Canadien

Carting Snow, Montreal
huile sur panneau
signé et au verso titré et daté 1850 sur l’étiquette G. Blair Laing
6 x 8 1/2 po, 15.2 x 21.6 cm

Estimation : 30 000 $ - 50 000 $ CAD

Vendu pour : 46 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Succession du colonel Grant-Smith, Québec
G. Blair Laing Ltd., Toronto
Kenneth R. Thomson, Toronto
A.K. Prakash & Associates Inc., Toronto, 2004
Collection privée, Toronto, 2005


Cornelius Krieghoff s’installe à Montréal en 1840, et c’est là qu’il entreprend sa carrière d’artiste. Quatre ans plus tard, il se rend à Paris où il passe deux ans de formation sous la direction de Michel-Martin Drölling, avant de rentrer à Montréal, où il travaille comme artiste jusqu’à ce qu’il s’installe à Québec en 1853. Il réalise une quantité prodigieuse d’œuvres à cette époque. Il est bien accueilli et bien représenté dans les collections que la nouvelle classe moyenne et les militaires qui constituent sa clientèle commencent à constituer. Ses tableaux représentent des moments dramatiques ou des scènes humoristiques qui caractérisent la vie rurale, ainsi que les portraits des marchands et des trappeurs autochtones qu’il rencontre dans les alentours. Les sujets de ses œuvres sont souvent romancés ou typés, mais il tire indéniablement les détails de ses tableaux d’une observation attentive. Krieghoff excelle en particulier dans la représentation de scènes hivernales et porte une attention particulière aux paysages transformés par le froid et la glace, ainsi qu’aux vêtements, aux tâches et aux jeux de ses sujets, afin de dépeindre le sentiment de difficulté sublime et d’émerveillement qui attirait ses acheteurs.

Cette œuvre exceptionnelle a été peinte au cours de cette période précoce du développement professionnel de Krieghoff. Elle représente un cheval tirant un traîneau débordant de la neige ramassée après une tempête, avec une pelle plantée au sommet du monticule. Le robuste cheval de trait tire avec peine sa lourde cargaison, tandis qu’un habitant vêtu de bleu, armé d’un genre de cravache, l’encourage à avancer. Ils sont sur le Saint-Laurent gelé, devenu lui-même un champ de glace. Quelques arbres épars indiquent que la scène se déroule sur la rive sud du fleuve, en face de Montréal. À l’arrière-plan, la silhouette de la ville et la crête du mont Royal au loin forment un horizon mince sous un des nuages nordiques sombres et imposants. Ils sont peut-être un souvenir de la récente tempête ou la menace d’une nouvelle chute de neige.

Les colons européens se sont vite rendu compte que les hivers québécois sont beaucoup plus rigoureux que ceux auxquels ils sont habitués. La saison est longue et froide, ponctuée de périodes de gel intense et de chutes de neige fréquentes et abondantes. Les habitants de Montréal et de Québec découvrent que les conditions météorologiques hivernales extrêmes représentent un problème. Comme les bancs de neige peuvent atteindre plusieurs mètres de hauteur, ils doivent déblayer les rues et les trottoirs de ces villes en plein développement pour qu’elles puissent continuer à fonctionner. À cette époque de l’histoire de Montréal, l’homme ne peut compter que sur ses propres forces et l’aide du cheval. Le déneigement n’est pas assuré par un service de travaux publics, mais par les habitants de la ville eux-mêmes. Après une chute de neige, ils se mettent à la tâche pour dégager les rues et les trottoirs de la neige et de la glace à l’aide des charrettes, des pelles et des pioches qu’ils ont sous la main.

Montréal est représentée à l’arrière-plan telle qu’elle devait être en 1850. On reconnaît à droite le dôme et le fronton néoclassique du marché Bonsecours, le grand marché public achevé et inauguré en 1847, quelques années seulement avant la réalisation de cette œuvre. En 1849, l’édifice sera brièvement le siège du Parlement du Canada-Uni. Derrière le cheval, on aperçoit quelques flèches des églises de la ville, en particulier les deux tours carrées de la basilique Notre-Dame, achevée à peine quelques années plus tôt. En représentant la ville avec le même souci du détail que pour ses habitants, Krieghoff donne une vision unifiée de la vie au Québec, qui est de plus en plus cosmopolite et moderne, tout en restant ancrée dans un sens particulièrement régional de l’expérience canadienne au début de l’histoire du pays.


Estimation : 30 000 $ - 50 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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