LOT 110

BCSFA CGP
1871 - 1945
Canadien

Pine Tree in Forest
huile sur papier sur carton, circa 1935
signé et au verso titré, inscrit avec le numéro d'’inventaire de la Dominion Gallery #D128 sur l’étiquette de la galerie et diversement et étampé deux fois avec le timbre de la Dominion Gallery
36 x 24 po, 91.4 x 61 cm

Estimation : 175 000 $ - 225 000 $ CAD

Vendu pour : 421 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Dominion Gallery, Montréal
Acquis auprès du susmentionné par une collection privée, Montréal, 1952
Par filiation à la collection privée actuelle, Ontario

BIBLIOGRAPHIE
Doris Shadbolt, The Art of Emily Carr, 1979, la toile de 1931 représentant des pins intitulée The Little Pine, collection de la Vancouver Art Gallery, reproduite page 102
Emily Carr, Des centaines et des milliers : Les journaux d’Emily Carr, 2006, page 350


Au début des années 1930, Emily Carr s’éloigne de son style formel de représentations volumétriques stylisées des forêts. Trois ans auparavant, lorsqu’elle s’est rendue dans l’est du pays pour assister à l’exposition Canadian West Coast Art: Native and Modern à la Galerie nationale (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada) dans laquelle cette œuvre était incluse, elle avait découvert le travail de Lawren Harris et ses espaces ouverts, infinis et spiritualisés l’avaient fortement impressionnée. Le concept d’une fusion de l’art et de l’expérience religieuse lui plaisait beaucoup. Elle s’est mise à peindre des forêts moins denses, des cimes d’arbres, des plages et des horizons ouverts, et ses tableaux représentant des forêts profondes se sont transformés. Comme l’a écrit Doris Shadbolt, après avoir exploré le côté sombre et interdit de la nature, Carr a commencé à exprimer la vie et la joie qui l’animaient.

Son style évolue et l’énergie dans la nature devient son idée maîtresse. Carr commence à peindre à l’huile sur papier et cette nouvelle méthode lui permet d’exprimer plus facilement ce mouvement. Carr dilue l’huile avec de la térébenthine, et même de l’essence pour la rendre fluide comme l’aquarelle, sans rien perdre de l’intensité de la couleur. Elle utilise aussi un nouveau support plus léger : des feuilles de papier manille qu’elle peut emporter sur les lieux où elle peint. Son coup de pinceau devient très libre et elle peint son sujet avec des gestes amples, tel qu’elle le perçoit avec son œil intérieur, bouillonnant d’énergie.

Carr a souvent représenté des pins dans ses tableaux sylvestres, comme The Little Pines (collection de la Vancouver Art Gallery) de 1931. Elle a expliqué pourquoi elle aime les pins dans son journal intime, publié sous le titre Hundreds and Thousands :

Le pin est un arbre magnifique, symétrique qui se dresse droit comme un cou sur les épaules. De ses racines au ciel, pas de torsion, pas de déviation. Les pins ne connaissent pas de courbure, du tronc à la cime des branches, avec des aiguilles droites comme des épingles. [...] Au printemps, ils dansent encore un peu plus. Comme leurs lignes tournoient et tourbillonnent jusqu’à leurs extrémités vert et tendre ! Ils aiment qu’on les touche et répondent en dégageant un parfum enivrant, plus puissant que tous les mots. Je préfère vivre dans un pays de pins que n’importe où ailleurs. Ils sont d’une droiture délicieuse et honorable.

Pine Tree in Forest est une superbe œuvre représentant deux jeunes pins au creux d’une forêt. Elle est le précurseur de la toile Singing Trees, vendue par la Maison Heffel ne juin 2022, lot 120. Dans ces deux œuvres, Carr met en valeur le pin central en soulignant ses branches et la cime avec des lignes dorées, ce qui le rend particulièrement vibrant. Il est accompagné d’un jeune pin en bas à droite, vert et lumineux. Leurs esprits brillants dominent le tableau, car ils se détachent à l’avant contre la forêt dense. L’utilisation de lignes pour délimiter les troncs d’arbres et les branches dans le mur de végétation est très moderne. Des touches lumineuses de blanc et de jaune indiquent des lueurs de lumière qui transpercent la forêt intérieure. Son coup de pinceau vigoureux exprime la vague d’énergie continue qu’elle a perçue et qui traverse le paysage dans un mouvement essentiellement horizontal.

Carr adorait peindre dans les bois. C’était son lieu de recueillement, celui où elle pouvait se libérer complètement des attentes de la société, s’ouvrir et ne faire qu’un avec la nature. C’est là qu’elle pouvait chercher « quelque chose d’indescriptible, de si léger qu’il peut être écrasé par une pensée lourde, si tendre que même notre enthousiasme peut le flétrir, aussi mystérieux que les larmes » [traduction libre]. Pine Tree in Forest démontre qu’elle a trouvé l’objet de sa quête.


Estimation : 175 000 $ - 225 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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