LOT 125

ALC BCSFA CGP FCA G7 OSA RPS TPG
1885 - 1970
Canadien

Tamarac, Spruce and Pine, Algoma
huile sur panneau, circa 1918 - 1919
au verso signé, titré deux fois et inscrit avec le symbole de l’artiste et « 25, Severn St. / "Not For Sale» (barré) / « Toronto »
10 3/8 x 13 1/8 po, 26.4 x 33.3 cm

Estimation : 100 000 $ - 150 000 $ CAD

Vendu pour : 169 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Collection privée, Colombie-Britannique
Art canadien, Maison de vente aux enchères Heffel, 28 novembre 2003, lot 65
The Art Emporium, Vancouver
Collection privée, Californie


Avec ses compagnons du Groupe des Sept, Lawren Harris est animé par la volonté de créer un art canadien qui s’inspire du paysage nordique unique et varié du pays. d 1908, à son retour d’Europe où il a étudié l’art, Harris se lie avec des artistes partageant ses idées, dont J.E.H. MacDonald et Tom Thomson, et entreprend des voyages de croquis dans le but de créer une « expression artistique qui devrait incarner les humeurs, le caractère et l’esprit du pays1 ». Le parc Algonquin, la baie Georgienne et les Laurentides sont les premiers lieux visités pour faire des croquis, et Harris se souvient avec nostalgie de leurs premiers jours : « Nous avons entrepris notre grande aventure. Nous vivions dans un feu roulant d’enthousiasme. [...] Par-dessus tout, nous aimions ce pays et nous aimions l’explorer et le peindre2. »

Après les bouleversements de la Première Guerre mondiale, il retrouve l’envie de créer et reprend ses explorations avec une vigueur renouvelée. Il voyage à Algoma sur la rive est du lac Supérieur, où a été peint le saisissant Tamarac, Spruce and Pine, Algoma. En 1918 et 1919, Harris organise le transport et l’hébergement sur la ligne de l’Algoma Central Railway, au départ de Sault Ste. Marie. L’enthousiasme de Harris pour cette entreprise est attesté dans ses lettres à MacDonald de l’été 1918. Écrivant de son chalet d’été sur le lac Simcoe, il décrit leur plan : « Nous nous installons dans un fourgon de queue qui sera notre maison pendant notre séjour dans le Nord. Ledit fourgon de queue est attaché à un train garé sur une voie d’évitement dans le canyon d’Agawa, à 120 milles [193 kilomètres] au nord de Soo, et y reste pendant deux ou trois jours, le temps que nous nous imprégnions des environs3. » Ces voyages, auxquels participent également Frank John, A.Y. Jackson et le mécène James MacCallum, permettent aux artistes de créer une grande variété et une abondance d’esquisses nouvelles et dynamiques, et aboutissent en 1920 à la création du Groupe des Sept et à l’exposition inaugurale.

Pendant leur séjour à Algoma, les artistes explorent les forêts, les rivières et les lacs à pied, en canot ou en parcourant les voies ferrées à bord d’une petite draisine à bras. Avant le voyage, Harris explique à MacDonald comment ils vont procéder, en se déplaçant vers le sud à partir de leur point de départ : « Au mille 120, nous montons à bord d’un train qui descend et nous laisse sur une autre voie d’évitement pendant quelques jours, puis nous sommes à nouveau pris et laissés sur une autre voie d’évitement, et ainsi de suite jusqu’à ce que nous arrivions [au] Soo avec un tas d’esquisses puis que nous rentrions chez nous par le CPR [Canadian Pacific Railroad]4. » C’est quelque part le long de ce parcours, probablement à côté de la voie ferrée tandis qu’ils se rapprochaient de Sault-Sainte-Marie, que cette œuvre a été peinte et qu’elle a rejoint la « quantité » croissante d’œuvres monumentales qui allaient retourner à Toronto et changer le cours de la peinture de paysage dans l’art canadien.

Cette belle pochade méditative dégage un sentiment de tranquillité qui imprègne la scène. Les longs nuages évoquent une brise d’automne fraîche soufflant sur la colline au loin et à travers les grands pins blancs qui encadrent la composition. La lumière déclinante crée une solennité qui résonne avec les œuvres que Harris produira quelques années plus tard sur la rive nord du lac Supérieur, ainsi qu’un sentiment de réflexion. On remarque immédiatement l’influence de Thomson, qui aurait sûrement pris part à ces voyages à Algoma s’il n’était pas mort subitement de façon tragique en 1917, ce qui a eu un impact considérable sur Harris. Les mélèzes du premier plan, dans leur coloris jaune d’automne, créent un contraste frappant avec les verts profonds des épinettes de l’arrière-plan. Thomson utilise ce procédé de composition avec beaucoup d’effet dans ses esquisses de la région Algonquine. Dans ce contexte, l’œuvre va au-delà d’une représentation brute et vitale du nord de l’Ontario et illustre le type de résonance émotionnelle que le Groupe des Sept a su si bien susciter dans ses peintures, en utilisant le thème du paysage canadien pour créer des liens humains forts et persistants avec l’environnement. Le fait que des croquis comme celui-ci fassent encore un tel effet plus d’un siècle après leur création témoigne de leur importance et de l’héritage inégalé qu’ils laissent.

Nous remercions Alec Blair, directeur et chercheur principal du projet d’inventaire Lawren S. Harris, qui a rédigé le texte ci-dessus.

1. Lawren Harris, « The Group of Seven in Canadian History », Report of the Annual Meeting of the Canadian Historical Association, vol. 27, no 1 (1948), p. 31 [traduction libre].

2. Ibid., p. 32 [traduction libre].

3. Lettre non datée de 1918 de Lawren Harris à J.E.H. MacDonald, LSH Estate Archives [traduction libre].

4. Ibid. [traduction libre].


Estimation : 100 000 $ - 150 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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