LOT 104

ALC CGP G7 OSA RCA RSA
1882 - 1974
Canadien

Road to St. Tite des Caps
huile sur panneau, circa 1930
signé et au verso titré
8 1/2 x 10 1/2 po, 21.6 x 26.7 cm

Estimation : 25 000 $ - 35 000 $ CAD

Vendu pour : 52 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Laing Galleries, Toronto
Peintures, dessins, aquarelles, livres et estampes canadiens importants des 19e et 20e siècles, Sotheby Parke Bernet Canada Inc., 14 mai 1979, lot 15
Collection privée, Colombie-Britannique

BIBLIOGRAPHIE
A.Y. Jackson, « There’s Still Snow in Quebec », The Tangent: An Annual, Ontario College of Art, mai 1929, page 46
A.Y. Jackson, A Painter’s Country: The Autobiography of A.Y. Jackson, 1958, pages 63 et 64


Chaque début de printemps pendant les années 1920, A.Y. Jackson parcourait les « sentiers des artistes » qui reliaient les villages des rives nord et sud du fleuve Saint-Laurent. Il peignait les hameaux qui longeaient les rives du Saint-Laurent, aux maisons blotties autour de l’église, ou dont les rues enneigées passaient entre les maisons en bois colorées. Jackson se souvient : « Le village de Saint-Tite-des-Caps sur le cap Tourmente, un haut plateau à 40 milles en aval de Québec, était l’un des endroits que nous aimions peindre. Ce n’était pas l’un des vieux villages, mais il se trouvait dans un creux entouré de collines, et nous pouvions le contempler de plusieurs directions. » Jackson s’y rendit pour la première fois en avril 1928 avec les artistes Randolph Hewton et Albert Robinson, et il aimait tellement l’endroit qu’il y est retourné en 1930, 1934, 1937, 1941 et 1946.

Jackson était attiré par les vieilles fermes nichées au creux des collines et l’architecture rurale dans le paysage environnant, mais il aimait particulièrement les vieilles granges usées par le temps aux toits affaissés. Il chérissait ces bâtiments et les vieilles maisons, et déplorait leur démolition au fil des ans. Comme Jackson s’y trouvait à la fin de l’hiver et au début du printemps, les conditions changeantes de la neige éveillaient son intérêt : « […] le soleil et le vent en modifiaient continuellement la couleur et la texture. Vers le printemps, il y avait de la neige fondue et des mares d’eau, et enfin les champs labourés apparaissaient à travers la neige fondue. » Jackson était si sensible au paysage qu’il peignait qu’il était conscient de la façon dont la direction du vent affectait l’atmosphère et la couleur, comme il l’a expliqué lui-même :

Le vent du sud est agréable et doux, mais il est rare qu’il nous permette d’obtenir une couleur franche. Le vent de l’est est mordant, et s’accompagne généralement de journées sans couleur. Les collines à vingt milles de distance semblent aussi nettes et dures que les objets au premier plan. Le vent du sud-ouest peut être très beau, turbulent et émouvant, il charrie des masses de nuages dans le ciel en jouant avec les lumières et les ombres sur le paysage. Toutefois, le bon vieux vent d’ouest se tient aux aguets. Des ciels limpides et des ombres bleues plus fraîches sur la neige, et tout est radieux de couleurs, surtout quand il y a un peu de nord dedans. Le nord pur, non dilué, est étincelant, mais avec des bleus et des violets antipathiques et si clairs qu’ils donnent à la palette des airs de boue.

Jackson se déplaçait souvent en raquettes, partant dans l’air froid avec sa mallette de peinture pour croquer des scènes en plein air, au risque que ses doigts gèlent, que la peinture à l’huile se solidifie et que les villageois curieux le distraient. Jackson logeait dans des familles ou de petits hôtels, s’immergeant dans l’atmosphère chaleureuse des villages. À Saint-Tite-des-Caps, Jackson a séjourné dans un vieil hôtel délabré, mais a écrit des articles élogieux sur les repas préparés par la propriétaire, madame Tremblay, en particulier sur sa soupe aux pois.

Les représentations de villages telles que celle-ci figurent parmi les œuvres les plus appréciées de Jackson parce qu’il a su capter leur charme unique. Ce tableau, par exemple, comporte l’image emblématique d’un cheval attelé à un traîneau qui vient de traverser un petit pont, derrière un autre attelage plus loin sur la route. Des poteaux téléphoniques suivent la route, celui du premier plan évoquant une croix. Sur les toits des maisons subsistent des plaques de neige qui commencent à fondre. L’ensemble de la scène a un rythme ondulant, de la courbe de la route aux formes arrondies des bancs de neige et des collines. L’utilisation de rehauts en pastels luxuriants sur la neige rappelle que Jackson a été exposé à l’impressionnisme lors de ses études à Paris. Il applique des tons mauves, bleu pâle, jaunes et roses avec un pinceau chargé. Même le ciel couvert a des tons jaunes et saumonés. Jackson avait une grande affection pour ce sujet, et Road to St. Tite-des-Caps, un tableau exquis de la période du Groupe des Sept, fait partie de ce corpus d’œuvres recherchées.


Estimation : 25 000 $ - 35 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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