LOT 111

BCSFA CGP
1871 - 1945
Canadien

Scorned as Timber, Beloved of the Sky
huile sur papier sur carton, circa 1935
signé M.E. Carr et au verso titré « Scorned as Timber, Beloved by the Sky » [sic] sur l’étiquette de la Roberts Gallery
34 1/2 x 23 1/2 po, 87.6 x 59.7 cm

Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Vendu pour : 871 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Collection privée
Roberts Gallery, Toronto, vers 1960
The Art Emporium, Vancouver, 1974
Collection privée, Vancouver

BIBLIOGRAPHIE
Doris Shadbolt, The Art of Emily Carr, 1979, reproduit page 141 et page 211

EXPOSITION
Women’s Art Association of Canada, Toronto, 1935, puis déménage à Hart House en 1936
Vancouver Art Gallery, Emily Carr : A Room of Her Own, 30 septembre 2023 – 8 septembre 2024, la toile connexe de 1935


Cette œuvre est l’étude pour l’une des plus importantes toiles d’Emily Carr, Scorned as Timber, Beloved of the Sky, qui fait partie de la collection Emily Carr Trust de la Vancouver Art Gallery sélectionnée par Lawren Harris depuis le début des années 1940.

Comme presque toutes les huiles sur papier de Carr, celle-ci a été peinte sur le motif, probablement à l’ouest de Victoria, dans la région de Metchosin, mais nous ne savons pas l’endroit exact. Dès le début des années 1930, Carr commence à peindre avec des huiles diluées sur du papier kraft, un support léger et peu coûteux qui lui permet de travailler rapidement et directement devant son sujet.

L’œuvre représente deux arbres extrêmement dépouillés, laissés en place après l’abattage des plus grands. Elle est un témoigne des conséquences quelque peu négatives de l’exploitation sylvicole sur le paysage de la Colombie-Britannique, une réalité dont Carr prend de plus en plus conscience. Cela étant dit, le titre choisi par Carr évoque une certaine bravade et la joie qu’elle éprouve dans la nature, malgré les coupes forestières en cours sur l’île de Vancouver.

L’esquisse est remarquable pour la spontanéité avec laquelle Carr traite le sujet : un paysage duquel s’élèvent deux arbres minces dans un ciel agité peint avec rapidité qui dessine une auréole autour des arbres. Dans cette esquisse, le ciel est cependant quelque peu instable par rapport à la toile finale où les nuages sont reconfigurés en un motif plus net, formant comme un halo autour de l’arbre dominant.

Carr a apporté un certain nombre de modifications à la composition en réalisant le tableau final. Les changements les plus notables concernent le ciel, comme nous l’avons mentionné, et le paysage dans la partie inférieure de la composition. Dans l’esquisse, Carr a peint ce qui se trouvait réellement sous ses yeux, soit un premier plan dénudé, de la végétation éparse au milieu et des monts peu élevés à l’arrière-plan, alors que sur la toile finale, Carr a modifié à la fois le ciel et le premier plan. Elle a abaissé la colline au loin tout comme l’horizon. Les arbres plus petits, à gauche et à droite, sont traités avec plus de fermeté que dans l’esquisse, mais jouent un rôle mineur dans la composition. Le changement le plus spectaculaire est l’incorporation de souches coupées dans la partie inférieure de la toile. Ces souches – qui, dans la pochade, ne sont visibles qu’au premier plan à droite – soulignent le fait qu’il s’agit d’un paysage exploité. Les trois arbres dressés, trop chétifs pour être utiles comme bois d’œuvre et donc « méprisés » (scorned dans le titre) sont embrassés par la majesté du ciel.

Les décisions de Carr en matière de composition – soit de consolider de manière spectaculaire les formes nuageuses et à mettre en valeur les arbres du premier plan et de l’arrière-plan – contribuent à rendre le message plus percutant. Les éléments les plus importants de l’esquisse à l’huile sur papier (le ciel dramatique, l’arbre décharné légèrement penché et les conifères, présence secondaire, à gauche) ont tous été améliorés et renforcés dans la toile finale.

L’esquisse à l’huile sur papier Scorned as Timber, Beloved of the Sky est remarquable par sa manière d’évoquer, de façon saisissante, le paysage de la Colombie-Britannique et la relation entre les humains, le paysage et l’industrie. L’esquisse est à l’origine de l’une des meilleures œuvres de Carr, l’huile sur toile du même titre.

Une comparaison des deux œuvres démontre avec éloquence le rôle essentiel de l’esquisse à l’huile sur papier dans la création du tableau final. Un examen attentif des deux peintures suggère que Carr a soigneusement raffiné le coup de pinceau vif et la spontanéité de l’esquisse pour créer la scène intemporelle et monumentale de la toile.

Bien que cette huile sur papier ait été rarement vue depuis 50 ans, le fait que Doris Shadbolt l’ait incluse dans sa grande monographie The Art of Emily Carr témoigne de son importance. L’esquisse et la toile constituent l’une des plus puissantes démonstrations de la méthode de Carr dans sa période de maturité et du rôle fondamental des études dans l’exécution du tableau final. Elles sont des exemples du travail de Carr à son apogée, et chacune est une œuvre de génie.

Nous remercions Ian M. Thom, conservateur principal à la Vancouver Art Gallery de 1988 à 2018, d’avoir rédigé l’essai ci-dessus.


Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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